samedi 21 février 2015

La superbe chronique de Sylvain Lupari !



chronique
Phaedream
musique électronique
musique électronique berlin school


C'est un ami qui m'a mit la puce à l'oreille. Son message était clair; il fallait que j'écoute cette musique de Sequentia Legenda. Un groupe et/ou artiste que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Ève. J'ai donc cliqué sur le lien qu'il m'avait fait parvenir pour entendre les premières minutes de "Fly Over Me". Des poussières de cosmos, des voix absentes et des nappes aux fines modulations ont tôt fait d'attiser ma curiosité. Et j'ai contacté l'artiste.

Sequentia Legenda est un artiste français qui a découvert la MÉ de style Berlin School au début des années 80. C'est un vieil album de Klaus Schulze qui traînait dans la collection de ses parents qui a piqué sa curiosité et qui en a fait un boulimique de l'art. Comme en feront foi les multiples albums qu'il achètera et son envie d'en apprendre le plus possible sur les instruments qui créaient ces rythmes flous et ces ambiances ésotériques. Les années passèrent. Sa collection grossissait, mais les informations sur les synthétiseurs relevaient de pures légendes, de ouï-dire, de qu'en-dira-t-on. C'est des années plus tard, et purement par hasard, qu'il allait enfin voir l'instrument. C'est dans l'arrière-boutique d'un petit magasin de musique que Laurent allait trouver le plus emblématique des instruments de MÉ, le fameux Minimoog! Au fil des ans, il a amassé une impressionnante collection de synthétiseurs et ce n'est que dernièrement qu'il a décidé de plonger et de composer une musique qui se veut un hommage à sa plus grande influence; Klaus Schulze.

La première séquence de rythme émerge un peu après la 2ième minute. Nous sommes en pleine période de Body Love avec ce mouvement de séquences qui va et vient, comme une boucle intemporelle, sous les chaudes caresses d'un synthé aux voiles mélancoliques. Le mouvement est minimaliste et son évolution se passe tout en douceur. Les soupirs des synthés sont apaisants et détournent notre écoute vers des cieux paradisiaques. Ça ne sera qu'à une écoute subséquente que l'on remarquera que le rythme a changé. Il est plus fluide. Un brin plus saccadé, mais toujours aussi onirique. Et plus ça avance et plus ce rythme ambiant affiche une vélocité pacifique. Ce sont les nappes de synthé qui magnétisent le plus notre attention. Il y a une parfaite balance dans les tons et dans l'émotivité. Si le rythme s'agite continuellement, les ambiances respirent toujours la sérénité. Les vagues astrales roulent dans le cosmos, alors que de fines et sombres modulations font contrastes avec une structure de rythme qui fait palpiter maintenant des percussions. Et c'est le contraire. Si la vélocité gagne le rythme, les ambiances se font plus poétiques. On entend ces chœurs si absents, qui hantent la grande majorité des ambiances célestes de la Berlin School, errer maintenant sur un ruisselet de séquences qui miroitent de ses milles reflets.

Honnêtement? Je suis sous le charme!
On me dirait que “Blue Dream” est un titre oublié par Klaus Schulze dans ses studios entre Body Love et Mirage que j'y croirais. Tout y est. L'approche minimaliste et cet art que Schulze avait d'étirer un morceau sans que ça paraisse long. Sequentia Legenda saupoudre constamment sa structure répétitive de nappes, de voix et d'éléments électroniques astrales qui argumentent les ambiances sur une structure de rythme filtré de moult modulations hypocrites. On revient sur terre et pouf! Ça changé. Mais quand? Et c'est tout le charme de “Blue Dream” qui passe à travers ses 10 étapes sans que l'on voit jamais rien venir. C'est l'hypnose à grands coups de charme. Même quand le mouvement devient un brin stroboscopique. Même lorsque le rythme fait osciller ses ions séquencés comme mille bouteilles à la mer par une journée de grands vents. Les rayons des synthés sont là pour apaiser cette violence grégaire qui fomente de l'intérieur, étalant tous les charmes de ces rythmes ambiants qui font duel à des ambiances séraphiques. Et c'est comme cela pour les 33 minutes que dure “Blue Dream”.

Est-ce que Sequentia Legenda est un coup de vent dans le ciel de la MÉ? Un peu comme Danger in Dream l'a été en 2001 avec le stupéfiant Entrance? Ça serait dommage car “Blue Dream” est une belle pièce de MÉ qui est parfumée des plus belles fragrances d'une musique dont les charmes resteront obnubilant pour encore des années à venir. J'en ai encore les oreilles pleines de rêves...et d'espoir d'entendre d'autre musique de Sequentia Legenda.

(lundi 2 février 2015)
note     4/5 

http://www.gutsofdarkness.com/god/objet.php?objet=17635


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